jeudi 5 novembre 2015

Sukkwan Island


Sukkwan Island
par David Vann
Édition Folio
Paru en 2012
231 pages


"Une île sauvage du Sud de l’Alaska, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ. Mais le séjour se transforme vite en cauchemar..."
 (résumé 4e de couverture)



Mon Avis

J’ai découvert ce roman lors de mes premiers surfs sur booktube. Je ne me souviens plus hélas qui en avait parlé, mais il me semblait parfait pour sortir de ma zone de confort livresque et m’essayer à un contemporain mystérieux et dérangeant.

Pour être dérangeant il l’est assurément. Ce n’est ni une lecture de plage, ni une lecture plaisante. Ici l’inconfort est de mise, on ne peut pas y échapper. Ici on ne rigole pas, on ne sourit pas, on subit la vie d’un père et de son fils, seuls personnages du roman.

Ensemble, ils partent pour un an de « survie » sur une île en Alaska. Jim, le père demande à son fil Roy de l’accompagner. Pris entre un sentiment de pitié et de remords, Roy fini par accepter de le suivre. Mais rien ne se passe réellement comme il l’avait prévu. Son père ne s’est presque pas préparé pour l’expédition. Roy qui pensait vivre sans trop de problème dans une petite cabane durant une année, se voit finalement devoir jouer le rôle de père pour deux. Il n’aime pas cette île, il regrette d’être venu et ne pense qu’à repartir. Son père, oscille entre la déprime le soir et la joie de vivre le matin. Une relation très malsaine à mon goût vient s’immiscer entre ces deux protagonistes qui ne font que s’éloigner l’un de l’autre au fil des jours. Roy, qui n’a que 13 ans, doit faire face à ce père qui n’en est plus vraiment un, qui le déçoit énormément et avec qui il n’arrive pas à communiquer. L’auteur (volontairement ou non) crée une sorte de paradoxe dans la relation entre les personnages et le paysage qui les entoure. L’Alaska me  fait penser aux immensités sauvages, sans civilisation, froides à perte de vue. Mais face à de tels paysages, père et fils ne sont pas libres, emprisonnés dans leurs pensées. Ils ne communiquent pas entre eux, le dialogue est quasi-absent et consacré uniquement aux questions pratiques.

Extrait de la bande-dessinée Sukkwan Island par David Vann et Ugo Bienvenu


Nous sommes dans la tête de Roy durant toute la première partie et dans celle de son père durant la seconde. Un système cohérent qui nous permet de comprendre à quel point leur relation est basée sur des aprioris et des malentendus. Ici vous ne trouverez aucun chapitre, mais seulement deux parties. Une découpe très perturbante car finalement l’auteur nous empêche de refermer ce livre, en nous plongeant directement dans la narration sans coupure avec les personnages. Nous vivons littéralement avec eux.  

Une histoire qui se construit sur deux personnages, peut être difficile à faire tenir debout. Pour ma part l’auteur y arrive, mais il faut d’abord être habitué à ce genre de récit. Ce n’est certainement pas en sortant de Harry Potter que l’on va pouvoir « apprécier » ce roman. Si toutefois l’auteur souhaite que son livre soit apprécié. Je ne serais pas étonnée que ce livre ai été écrit uniquement pour déranger et rester gravé dans notre esprit.

Mais c’est en lisant les motivations de l’auteur, que l’on comprend beaucoup mieux les intentions du livre, ses rebondissements et finalement toute son intrigue. Au final Sukkwan Island n'est autre qu'une autobiographie alternative, une histoire que l'auteur a littéralement sortie de son âme pour se laver et avancer dans sa vie.


 Voici une ->petite interview<- explicative de l'auteur
réalisée en lien avec l'adaptation de son roman en bande-dessinée 




Ma note • 3,5/5

Un bon roman pour ce qu'il propose mais trop perturbant pour moi



 Citation 
"Le monde à l'origine était un vaste champ et la Terre était plate. Les animaux arpentaient cette prairie et n'avaient pas de noms. Puis l'homme est arrivé, il avançait courbé aux confins du monde, poilu, imbécile et faible, et il s'est multiplié, il est devenu si envahissant, si tordu et meurtrier à force d'attendre que la Terre s'est mise à se déformer" (p. 11)




2 commentaires:

  1. Bonne chronique qui résume bien l'expérience livresque que peut procurer le bouquin :)
    Tidus 1990

    RépondreSupprimer